Oh mon dieu ! Mais quelle horreur. Déjà que j'avais dû faire un énorme pas sur ma timidité durant toute une semaine pour m'intégrer au jeu, et croyez moi, l'effort était énorme, mais voilà qu'on me collait aux basques un enfant d'une année seulement et que j'avais pour mission, en compagnie de Jo', de m'en occuper, et du mieux possible. Quelle injustice ! Vous en conviendrez tout seul, mais j'étais loin d'être dôtée d'une fibre maternelle intense. Au contraire, j'étais encore trop volage et insousciente pour désirer materner déjà, surtout que je n'avais aucune patience. C'était pour moi complètement impossible de survivre à une semaine entre langes, biberons et crises ! J'avais horreur de cette ambiance. Heureusement pour moi, Joanna semblait plus tendre et plus câline que moi ! Je l'admirais beaucoup. Le sentiment de répulsion qu'elle m'inspirait au début du jeu avait complètement disparu et plus les jours passaient, plus je la trouvais forte et admirable. J'étais vraiment fière d'être encordée à une femme si forte et si solide. Mais je n'allais sûrement pas lui faire le plaisir de le lui avouer. Surtout que j'étais encore, trop souvent à mon goût, prise de crise d'hystérie lorsqu'on m'approchait de trop près. Une maladie qui ne guérissait pas automatiquement. Cette journée s'annonçait déjà pas si bonne rien qu'en me levant, mais l'arrivée d'Haileen, notre fillette d'une année et 3 mois, ne faisait qu'empirer la chose. 5 heures en sa compagnie et j'avais besoin d'une pause. Je suppliai donc Jo' de me suivre sur la terrasse pendant que notre enfant faisait tranquilement sa sieste dans notre lit, qu'on avait par sécurité, ramené à même le sol et qu'on avait entouré d'affaires pour qu'Haileen ne puisse tomber en dormant. Après lui avoir raconté une histoire, Jo céda à ma requête et ensemble, nous nous dirigions vers la terrasse. Nous y retrouvâmes Cécile et Darren. Nous n'avions pas véritablement fait connaissance mais qu'importe. Avec Jo', je m'installai sur un des petits couffins et lançai alors à l'attention du binôme voisin d'un ton enjoué et plus calme.

▬ Hello vous !

Puis, je lançai un coup d'oeil à leur enfant en souriant en coin. Je secouai mon visage avant de fixer à nouveau Cécile.

▬ Ils sont terribles n'est-ce pas ?

Dieu Merci ! Je n'étais plus la seule. Haileen était terrible mais je savais que ce n'était pas un cas isolé. Aussi, il faut avouer que les mères étaient complètement insousciantes que d'accepter de laisser leur bambin à des inconnus dans le but d'une émission de télé-réalité. Mais je ne m'étonnais plus de ce que les gens étaient capables de faire juste pour attirer l'oeil de la caméra sur leur personne. Bien que ça ne soit pas le coeur du problème, je pouvais aisément comprendre que les gosses soient aussi "perturbés" et de cause à effet, aussi perturbateurs au sein de la villa. Loin de leur famille, ils avaient de la peine à évoluer, du moins, c'est ce que je pensais et ce que je croyais. Et cette conviction m'empêcherait d'étrangler la gamine dont nous avions la charge. Lorsque Cécile me dit qu'elle n'avait pas le coeur à être mère plus tard et qu'elle avait du mal avec les enfants, je me sentai soulagée. Je lui souris à pleine bouche avant de rajouter sur le même ton qu'elle...

▬ Exactement ! Moi c'est pareil...

Puis, je fis une bref coupure avant de continuer.

▬ J'ai aucune patience avec les enfants. Du coup, dès que ça chouine, j'ai qu'une envie. Attraper l'enfant et le secouer aussi fort que possible jusqu'à ce qu'il ne puisse plus articuler un son et qu'il se taise.

Je me mettais sûrement, moi aussi, toutes les mères qui regardaient ce programme à dos, mais j'avais envie de dire ce que j'avais sur le coeur, plus qu'autre chose. Jo' étouffa un petit rire à mes côtés, avant de replonger dans le silence de sa sieste... Mon regard resta, néamoins, fixé sur Cécile.

Jo' était plus fatiguée que moi, c'était sûrement normal puisqu'elle s'occupait de l'enfant beaucoup plus que moi. Du coup, je ne m'étonnais même pas de l'entendre respirer un peu plus fort, à mes côtés, et sentir ses muscles se raidir par la fatigue. Je n'en pris pas compte, parler avec quelqu'un qui semblait partager mon aversion pour tout être humain de moins de 18 ans me rassurait énormément. Cécile était une fille plutôt sympa, je ne lui avais jamais parlé plus que tant et je le regrettais un peu à présent. Il faut avouer qu'elle était quand même adorable, et elle me faisait bien rire. Son manque de patience était ce qui la caractérisait avec les gosses ? Moi aussi ! Faut croire qu'on était faites pour se rencontrer aujourd'hui *-*

▬ Heureusement que c'est juste une semaine...

Je soupirai doucement en m'callant dans mon siège un peu mieux. Je m'enfonçai contre le dossier et fixai un point dans le vide, en reprenant doucement ma respiration. Je savais qu'un jour, j'aurai sûrement un enfant moi aussi, mais je ne me sentais pas prête, pas encore. Surtout pas quand moi même j'avais été le fruit d'un viol et que je n'avais pas été "désirée" par ma mère !

▬ Je sais pas si je vais tenir le coup. Heureusement que Joanna est plus patiente que moi de ce côté là !